the rocky horror picture show.
« Qu'est-ce que c'est ? » A peine rentré chez lui, Tanner était instantanément tombé sur une enveloppe adressée à son nom. Il ne pouvait pas la louper, elle avait soigneusement été posée en évidence au beau milieu de la table basse.
« Je sais pas ... mais il me semble que c'est pour toi. » avait alors innocemment répondu Aidan. Tanner tendit alors le bras pour s'emparer de la dite lettre. Lorsqu'il tourna l'enveloppe pour l'ouvrir il remarqua que la colle n'était presque plus collante, que le papier était légèrement plissé et que l'enveloppe n'était plus vraiment fermée.
« Tu l'as ouverte ? » Arquant un sourcil, Tanner soutint le regard de son meilleur ami, peu étonné de cette intrusion dans sa vie privée.
« Moi ? Non voyons, tu sais bien que je ne me le serrais jamais permis. » Aidan affichait désormais un sourire moqueur qui en disait long.
« Bon tu l'ouvres ou merde ? » -
« Oui deux minutes ! » De son pouce, il déchira soigneusement l'enveloppe et en sortie une lettre manuscrite. Elle n'était pas bien longue, mais Tanner dû s'y prendre à plusieurs reprises afin d'en comprendre le contenu. Pendant ce temps, Aidan qui commençait à s'impatienter l'assenait de questions qu'il n'entendait, à vrai dire, pas.
« Donne-moi ça ! blabla ... j'ai le plaisir et l'honneur ... blablabla ... accepté en tant que première base ... bienvenue dans la famille des Dodgers ... Mec t'es pris ! » Leur regard se croisèrent, tout deux arboraient un sourire étincelant. Tanner n'en revenait pas. Il ne comprenait pas ce qui venait de lui tomber dessus. C'est donc un faible
« je suis pris ... » qui émana de sa bouche. Il lui fallut plusieurs secondes, peut-être même une minute pour constater l'ampleur de la nouvelle. C'est alors que son sourire s'étira, que ses yeux s'illuminèrent et qu'il lâcha un bon
« Mais bordel oui je suis pris ! » qui lui venait droit du coeur, avant de sauter dans les bras d'Aidan. Tout deux pratiquaient les baseball depuis leur plus tendre enfance. La première fois où Tanner toucha à une batte, ce fut magique. Tout comme cet instant. Magique, c'était le mot. Toute sa jeunesse il s'est battu, il s'est donné corps et âme, avec passion et force, pour parvenir à ce but ultime : être sélectionné dans une équipe. Dorénavant il faisait parti des Dodgers, équipe pour laquelle il s'est usé la voix plus d'une fois, équipe qu'il a chéri, pour qui il a prié, pour qui il se serait saigné ... et maintenant il était l'un des leurs. Les Dodgers. C'était un rêve devenu réalité. L'euphorie du moment n'en finissait pas. Ils riaient aux éclats, parlaient de l'avenir de Tanner, de toutes ces filles qui seraient folles de lui, de Tamara qui lui piquerait des crises de jalousie, de ses parents qui seraient fiers de lui, de ... de ce que sera sa vie.
« Tu paies ta tournée ce soir du coup, maintenant que t'es riche, enfin ... encore plus riche. » -
« Et celui là, il est riche aussi ? » Je vous passerais les détails de ce geste malsain, mais ils en rirent, comme toujours. Ce n'était encore que des gosses de vingt ans, mais ils allaient faire de cette soirée quelque chose de mémorable, quelque chose d'unique et de tumultueux.
~
« Tu devrais le lui dire, tu sais. » -
« Mmmh ...? » -
« A ta femme, tu devrais le lui dire. » -
« De quoi ? » -
« Ben que tu la trompes, pardi ! » Tanner manqua de s'étouffer avec la bouchée de muffin qu'il venait de croquer. Tinsley se mit à rire aux éclats, avant de se stopper et de le regarder droit dans les yeux.
« Tan, je suis sérieuse. » Tanner lui emboîta le pas. Bien évidemment, il savait pertinemment là où elle venait en venir : Meadow. Depuis leur rencontre, la jeune femme n'avait cessé de les
shipper ensemble, au grand désarrois de Tanner qui ne savait pas toujours quoi lui répondre.
« Dis pas n'importe quoi, Tin. En quoi je trompe ma femme ? » -
« FUTURE femme et c'est un gnome. » Tanner soutint alors son regard lui montrant ainsi son désaccord. Il avait pris l'habitude de ces remarques horripilantes sur Tamara, mais ne les acceptait pas tout à fait. Elle avait son caractère et était désagréable parfois, mais elle allait devenir sa femme et ses amis devaient comprendre ça.
« Ok, ok ... mais Meadow est bien plus jolie ... » avait-elle alors murmuré. Tanner décrocha alors un sourire et un sincère ce qui fit décoller Tinsley qui ne se gêna pas pour le lui faire remarquer. D'un léger coup de coude, Tanner la fit virevolter sur le côté. S'il avait au départ eut quelques doutes sur la jeune femme, c'est désormais avec toute sincérité qu'il lui ouvre son coeur. Tinsley n'était entrée dans sa vie que depuis quelques mois, un an tout au plus, mais elle représentait cette petite boule d'énergie dont il avait parfois besoin. Et ce malgré sa tendance enquiquinante à toujours remettre sur le couvert sa relation spéciale avec Meadow.
« Tu sais que le problème n'est pas là. » lança-t-il tout en soutenant son regard comme pour lui dire qu'il n'était pas la peine d'en rajouter.
« Au fait, j'ai failli oublier de te demander ... comment va Aidan ? » Un sourire narquois se dessina alors sur son visage. A l'évidence il connaissait la réponse à sa question quelque peu stupide, mais derrière ces mots se cachait une toute autre question qui elle, prenait tout son sens. Ce fut au tour de Tinsley de le foudroyer du regard. Un rire mesquin et faux émana de sa bouche et elle croisa les bras contre sa poitrine pour marquer son mécontentement.
« A toi de me le dire. Il fait le mort depuis quelques jours. De toute façon c'est qu'un abruti, je sais même pas comment tu peux être ami avec un type pareil. » Sa bouche disait une chose, mais ses yeux en disaient une autre.
« Un petit con. » Tanner la regardait amusé. Il arborait un sourire qui en disait long et silencieusement il continuait de la contempler s'énerver, s'embrouiller, se perdre dans toutes ses pensées.
« Le roi des cons, ouai. Le roi des cons au parfum si doux et à la bouche si ... QUOI ? Pourquoi tu me regardes comme ça toi ? » Il rit, parce qu'elle était hilarante dans son paradoxe. Puis il se tut face à la mine renfrognée de Tinsley. Il savait qu'il avait touché là une corde sensible, tout comme elle savait si bien le faire en lançant le sujet de Meadow. Tendrement, il vint passer son bras autour de ses épaules et l'attira à lui tout en continuant sa route. Un geste amical qu'il accompagna d'un profond soupire.
« Je sais qu'au fond ça t'embêtes votre histoire de jeu de cours d'école, puis que t'en pinces pour lui à regret. » -
« Je n'en p... » -
« Tututu, pas à moi s'il te plait. » Le regard de Tanner se plongea dans celui de son amie, voulant ainsi lui faire comprendre que oui, il était observateur et que oui, il s'était rendu compte de tout.
« Tu sais lui aussi il t'apprécie, laisse lui seulement un peu temps. C'est pas facile pour lui de devoir accepter tout ça. (...) Puis de toute façon comment ne pas craquer devant un telle beauté ? » Tanner lui décrocha un sourire tout en lui adressant un clin d'oeil. Il se voulait convaincant, rassurant et espérait par ces mots avoir fait mouche. Il croyait en ses deux amis et s'il devait parier sa tête qu'un jour tout ces enfantillages laisseront place à une belle histoire, il l'aurait fait sans hésiter. Tinsley leva les yeux au ciel. Puis, pour détourner la conversation, quémanda un glace, les yeux ronds tels ceux d'un chat bien connu.
~
Trois heures. Cela faisait exactement trois heures, six minutes et trente-huit secondes, qu'ils étaient là, assis sur ces chaises, face à toute cette paperasse. Le regard vide, Tanner n'écoutait plus rien depuis plusieurs minutes. Son esprit était ailleurs, ses pensées étaient tournées vers une autre. Sans s'en rendre compte, ses mains s'amusaient à faire tourner la tasse de café, désormais froid, qui était posée devant lui. Puis un claquement, des doigts vinrent encombrer son champs de vision. Il cligna des yeux, tourna son regard vers Tamara et revint doucement à lui.
« Tu m'écoutes ? » -
« Mmmh ... ? » -
« Est-ce que tout va bien mon chéri ? Tu sembles distant depuis quelques temps ... » Son doux regard se porta sur lui et d'une main délicate, elle vint caresser le bas du visage de Tanner. Un léger sourire se creusa alors aux bords de ses lèvres. Tamara n'était pas seulement cette furie que tout le monde décrivait, mais elle pouvait se montrer attentionnée et maternelle et c'est cette femme qui l'avait fait fondre en premier lieu. Tanner vint alors poser sa main sur la sienne avant de lui répondre doucement :
« Rien de bien grave. Je suis juste légèrement fatigué ces derniers jours. » Elle lui sourit un court instant puis retrouva aussitôt son visage dur et sérieux.
« Bon. Alors on se re-concentre sur le principal maintenant. Des lys ou des callas ? » -
« Tu ne voulais pas des roses blanches et fushias l'autre jour ? » Tamara lui fit ce regard, ce regard hautain qu'il détestait. Puis d'un ton assez supérieur, elle le gronda presque.
« Des roses ? Sérieusement ? Il n'y a pas plus banal que des roses ! » Tanner se massa les tempes. Ce mariage et toutes ces prises de tête le mettaient à bout. Il se leva donc doucement et enfila sa veste sous le regard interloqué de sa future épouse.
« Mais où tu vas comme ça ? Tu te défiles encore ? » Encore ? C'était une blague qu'il ne préférait pas relever. Depuis qu'ils s'étaient mis en tête de s'unir, Tanner s'était beaucoup investit dans l'organisation de ce mariage et non pas seulement parce qu'il s'entendait extrêmement bien avec leur organisatrice de mariage.
« Voir Aidan. Je viens de me souvenir qu'il m'avait demandé de passer pour l'aider avec ... un truc. » Mensonge.
« Tu te débrouilleras très bien sans moi. » Tanner déposa un baiser sur son front avant de quitter l'appartement. Sur la route il en profita pour envoyer un message à son meilleur ami lui sommant de le retrouver au plus vite.
« Ca sera une bière pour moi, et ... » -
« Et un verre de votre meilleur malt s'il vous plait. » Aidan arqua un sourcil. Tanner n'était pas du genre à boire, du moins pas beaucoup et n'importe quand. Lorsque le barman leur apporta leur commande, Tanner bu d'une traite le contenu de son verre ce qui aguicha d'autant plus la curiosité d'Aidan.
« Ok mec, qu'est-ce qu'il va pas ? » Tanner fronça les sourcils, faisant mine de ne pas comprendre ce qu'il entendait par là.
« D'abord tu me demandes de te rejoindre dans ce bar qui ... en passant, n'est pas d'un très bon goût. Puis tu commendes un verre de whisky que tu ne prends même pas la peine de déguster. Laisse-moi donc te dire que, en effet, il y a quelque chose qui ne va pas. » avait-il dit tout en regardant autour de lui, scrutant les lieux.
« Qu'est-ce que vous avez tous à me demander comment je vais en ce moment ... Je vais BIEN. » -
« A d'autres s'il te plait, mais pas à moi. C'est quoi ? Ton mariage ? Tu sais que t'as le droit de faire une pause de temps en temps. Si c'est ça qui te met dans des états pareil ... » -
« C'est pas ça ... » -
« C'est quoi alors ? Meadow ? » Tanner se tourna alors vivement vers son ami tout en le fusillant du regard. Il avait arqué ses deux sourcils décrivant ainsi très bien ses pensées.
Sérieusement ? aurait-il dit.
« Nop ... C'est le match, celui de samedi. » Ce fut au tour d'Aidan de froncer les sourcils. Depuis quand Tanner, le Tanner qu'il connaissait, stressait pour un foutu match de baseball ?
« Je sais pas ... je me sens pas près. » Aidan cracha un petit rire moqueur puis se retint lorsqu'il se rendit compte que son ami était tout ce qu'il y avait de plus sérieux.
« Tu déconnes là, c'est ça ? » -
« Il y a quelques jours de ça j'étais presque incapable renvoyer la balle. Tu penses toujours que je plaisante ? » Aidan expira longuement avant de poser sa main fermement son l'épaule de son ami. Il plongea alors son regard dans le sien, puis après s'être raclé la gorge entama un sincère monologue qui se voulait convaincant.
« Hey regarde-moi bien. T'es le meilleur joueur qu'il m'est été donné de connaître. Depuis qu'on est gosse tu (...) Je suis certain que tout va bien se passer, que tu vas tout déchirer. Je serais là, Tamara aussi. On sera tous aux premières loges pour t'applaudir au moment venu. C'est pas maintenant que le grand Tanner va perdre confiance en lui, non mais oh. » Il lui alors arracha un sourire amusé.
Tous, peut-être pas ... Tanner pris une grand inspiration puis déposa à son tour sa main sur l'épaule de son ami, affichant désormais un sourire sincère.
« Merci. » Aidan s'écroula au fond de sa chaise, plutôt fier de lui.
« Alala, qu'est-ce que tu ferais sans moi ! » -
« Je serais confiné dans une vie sans croûte. » -
« Ah mais ça c'est pour bientôt mon pote. Tu sais ce qu'on dit : une fois la bague au doigt, c'est mort pour toi ! » Ils rirent alors à l'unisson et de bon coeur. En vérité Tanner ne serait rien sans Aidan et ceci était sans aucun doute réciproque.
« Des quoi ?! » -
« Des callas. Elle veut changer son bouquet pour un mélange harmonieux de callas et d'herbes sauvages. » Meadow lâcha un long et nerveux rire qui en disait long sur ce qu'elle pensait de la jeune femme. Si on tendait un peu plus l'oreille, il aurait été facile de l'entendre marmonner quelques injures et menaces de mort.
« Et de quelle couleur elle les voudrait ses .. callas ? » -
« Fushia, il me semble. Tu sais que moi et toute ces teintes de couleurs ... » -
« Oui, je te vois déjà venir : c'est un truc de gonzesses tout ça. » Tanner lui adressa une petite grimace en guise de réponse ce qui la fit doucement sourire.
« Oh et j'ai failli oublier. Il y a quelques modifications du plan de salle et de la déco qu'elle voulait te faire part. Tiens, elle a tout mis sur papier. » Il ouvrit alors sa sacoche et en sortit une bonne liasse de feuilles qu'il laissa bruyamment tomber sur la table.
« Quelques modifications ? Mon dieu je crois que je vais l'étri .. » Meadow se coupa elle-même la parole avant de prononcer des mots qu'elle pourrait regretter face à Tanner. Ce que cette femme pouvait lui taper sur les nerfs !
« Désolée ... » -
« Tu peux le dire, tu sais. Moi aussi ça m'arrive d'avoir envie de l'étriper, justement et surtout ces derniers temps. » rigola-t-il. Après tout, toute mariée digne de ce nom ne se devrait pas d'être casse-bonbon ? (...)
« Je crois que celui-ci est mon préféré, pas toi ? Le parfait mélange entre sucré et acidité. » -
« Mmh oui ... enfin je préférais le praliné. Je pense qu'on devrait tous les re-goûter, non ? » -
« Tu veux m'engraisser, avoue. » dit-elle sur le ton de la plaisanterie. Il aurait bien ajouté que ce ne serait pas quelques kilos qui pourraient atténuer sa beauté, mais cela aurait été déplacé. Alors il se tut.
« Bouge pas, attend. Il te reste un ... petit bout ... de gâteau juste là ... voilà. » Délicatement, il vint chasser les quelques miettes qui étaient coquinement restées nichées à la commissure de ses lèvres. Meadow baissa la tête instinctivement. Elle avait quelque peu rougit par ce geste et avait bien du mal à camoufler son malaise. Tanner, quant à lui, se rongeait l'intérieur de la joue pour se punir d'avoir pu penser quoi que ce soit de déplacé.
« Merci. » lui dit-elle entre deux raclements de gorge.
« Je pense que celui-ci fera l'affaire ... » Elle secoua la tête en guise d'approbation puis se leva de sa chaise.
« Je ... je vais le noter et vous me donnerez votre réponse définitive quand toi et ... Tamara viendrez les goûter ensemble. » -
« D'a .. d'accord. » Elle lui adressa un sourire avant de se diriger vers la sortie de la pâtisserie, alors qu'il la suivait quelques mètres en arrière.
« Bon et bien on se voit d'ici quelques jours pour le choix des nappes. » Elle déposa un baiser furtif sur sa joue avant de se retourner et commencer à prendre la fuite.
« Attend ! Je peux t'offrir un café, non ? » -
« Je.. il me reste encore beaucoup de chose à revoir. Je pense qu'il serait préférable que je rentre maintenant. » Elle lui adressa un sourire crispé avant de partir pour de bon, le laissant ainsi planté devant l'enseigne pâtissière. Tanner se mordilla la lèvre inférieur. Qu'avait-il en tête ? Après tout Meadow était l'organisatrice de SON mariage.
~
Tanner faisait les cents pas. Cela faisait au moins cinq bonnes minutes qu'il s'agitait tout seul, dans le couloir. Le regard rivé sur le sol, il était en pleine réflexion. Devait-il ? Etait-ce réellement là ce qu'il voulait ? Allait-il le regretter ? Quelques minutes auparavant il se trouvait encore dans sa chambre à réajuster ton costume. Quelques minutes auparavant, il était près à se marier. Seulement maintenant, il n'était plus sûr de rien. Beaucoup de gens vous dirons qu'il est normal de douter le jour de son mariage. Ce n'était pas ça. C'était bien plus profond encore. Tanner n'avait pas peur du mariage. Il était certain de vouloir épouser Tamara. Seulement ses doutes se portaient sur la réelle valeur de ses sentiments, de leurs sentiments. Sans y réfléchir plus, il poussa la porte laissant alors découvrir une merveilleuse jeune femme toute de ... rose vêtue.
« Tanner ! Mais qu'est-ce que tu fais ? Tu sais bien que ça porte malheur de voir la mariée avant la cérémonie ! » -
« Est-ce que tu te souviens du jour où on s'est rencontrés ? » -
« Du ... quoi ? Je ne comprends pas très bien où tu ... » -
« De notre premier rendez-vous alors ? » Tamara le regardait avec incompréhension. Lui la regardait sans vraiment la regarder bien qu'il l'ait d'abord trouvé jolie dans cette robe et ce malgré cette couleur assez déconcertante.
« De notre premier baiser au moins alors ... » -
« Tanner, chéri, pourquoi ces questions ? Je ... bien sûr que je m'en souviens, enfin oui. Tu, je, on s'est rencontrés pendant nos années primaires, puis tu m'a invité à sortir aux alentours de ... » -
« Aux alentours de ! Tu vois c'est de ça que je voulais parler. Tous ces souvenirs, de nous, ils sont flous. » -
« On peut dire qu'on se connaît depuis ... presque toujours, voilà tout. » Tamara s'approcha doucement de son futur époux. Elle avait ce doux regard qui lui perçait l'âme de culpabilité.
« Entre nous ça a toujours été une évidence, tu le sais bien. » -
« Une évidence ou une habitude ? » Tamara eut un mouvement de recul. Que cherchait-il à dire, à faire ? Tout ceci ne sentait pas bon et elle commençait à prendre peur.
« Mais qu'est-ce qu'il t'arrive à la fin ? Tu comptes bousiller mon mariage, c'est bien ça ? » -
« NOTRE mariage, tu veux dire ... » répondit alors Tanner, du tac au tac sans pour autant que son ton ne soit accusateur. Tamara soupira, elle secouait doucement la tête de droite à gauche comme pour montrer son désarrois.
« J'aurais juste une question ... Est-ce que tu m'aimes ? » Alors qu'elle ouvrait la bouche, s’apprêtant à lui répondre, Tanner lui coupa la parole pour préciser sa demande.
« Est-ce que tu m'aimes comme on s'est aimé au premier jour ? Est-ce que le matin quand tu te réveilles ta première pensée est pour moi ? Est-ce qu'à chaque moment drôle ou émouvant de ta vie lors desquels je suis absent tu te demandes ce qu'il aurait été en ma présence ? Est-ce que ton coeur brûle lorsque je ne suis pas là ... ? » Tamara entre-ouvrit la bouche, elle s'élança pour dire quelque chose, mais se tut au dernier moment. Un petit rire nerveux émana de la bouche de Tanner qui se mit à soupirer doucement. Tamara ferma les yeux, ses paupières tremblaient. Elle était incapable de répondre à cette question.
« Notre flamme c'est éteinte Tam, malgré nous. » Tout en se mordillant la lèvre inférieure, Tamara dessina un léger sourire du bout de ses lèvres. Il n'avait pas tord et elle le savait. Si Tanner s'en était rendu compte a contrario de son
ex future épouse, c'était parce que dans sa vie était récemment entrée une personne. Dans sa vie et peut-être même dans son coeur. Une personne qui, contrairement à Tamara, pouvait lui faire ressentir tout ce qu'il venait d'énumérer. C'était mal, il le savait mais il ne pouvait s'empêcher de penser à elle le matin, de rire à une blague et se demander ce qu'
elle en aurait pensé, de brûler d'impatiente de la retrouver pour n'importe quelle raison. Il en était même venu à souhaiter que sa fiancée ne s'emporte au sujet du mariage afin de devoir gérer tout cela avec elle. En fait, elle lui avait, durant toute cette année, fait ressentir ce qu'il avait d'abord ressentit auprès de Tamara et peut-être même plus, encore.
~
Depuis que Tanner avait pris la décision de mettre fin à sa relation avec Tamara et par la même occasion annuler leur mariage, il n'avait cessé de broyer du noir. La plupart du temps enfermé chez lui, les seuls fois où il sortait de son appartement étaient pour courir ou aller taper la balle en compagnie d'Aidan. Le reste de son temps, il le passait seul, chez lui. L'appartement paraissait bien plus vide désormais. Tamara avait quitté les lieux il y a de ça un peu plus d'un mois, désormais, et c'est ainsi qu'il s'était rendu compte de l'espace qu'elle avait occupé dans sa vie. Pourtant il n'arrivait pas à se dire qu'ils avaient fait une erreur. Tamara était partie sans reproches. Elle-même devait se rendre à l'évidence, leur amour n'était plus ce qu'il était et leur relation ne rimait plus à rien. Penseur, Tanner lançait une balle de baseball contre le mur, tandis que le son de la radio occupait l'arrière plan. Il n'avait rien fait d'autre de sa journée, hormis penser. Le bruit de la clé dans la serrure le sortit de ses songes et c'est un Aidan horrifié qui s'approchait désormais de lui.
« Mec ça pue ici, t'as tué ta femme de ménage ou quoi ? » -
« Il me reste un petit bout dans le congèl, tu veux ? » -
« T'es dégueux ! » Aidan déambulait dans l'appartement, ouvrant au passage les fenêtres du salon, puis se fraya un chemin jusqu'à son ami.
« Qu'est-ce que tu fous là ? » avait-il alors immédiatement regretté. Son ton froid et piquant n'était pas volontaire et il s'était laissé allé à sa rancœur contre lui-même.
« Bonjour, moi aussi je suis content de te voir et je vais bien, merci de t'en inquiéter ! » -
« Désolé ... » ajouta-t-il dans un soupire. Il s'était emporté sans le vouloir et devait ici admettre tous ses torts.
« Désolé, c'est juste ces derniers je ... » -
« T'es paumé. » avait alors complété Aidan le plus naturellement du monde. Depuis le temps que ces deux là se connaissaient, il n'était pas rare que l'un termine la phrase de l'autre. A l'évidence personne ne connaissait mieux Tanner qu'Aidan et il n'y avait que lui pour lire en lui aussi facilement.
« Est-ce que parfois il t'arrives pas d'avoir l'impression d'avoir loupé le coche ? » -
« Euh ... non je pense pas. Pourquoi ? » -
« Oh pour rien. » -
« Accouches ! » Tanner esquissa un sourire narquois. Bon il était vrai qu'il avait quelque chose en tête.
« Je sais pas ... même quand elle est partie tu lui as rien dit. » -
« De qui ? » Tanner pencha la tête sur le côté, lui adressant un regard qui lui sommait de ne pas la lui mettre à l'envers.
« Oh ... Tinsley tu veux dire ? Non en effet. Qu'est-ce que tu voulais que je lui dise de toute façon ? Hey penses à nous quand même de temps en temps une fois que tu seras dans ton bled pourris d'Alabama. » Aidan soupira et se laissa s'écrouler sur le canapé.
« Me regarde pas comme ça, c'est MOI qui ai inventé ce regard. Puis merde c'est pas comme si tu pouvais me faire la morale toi aussi ! » -
« Connard. » Aidan s'empara du coussin qui traînait sous ses fesses puis l'envoya en direction de Tanner qui se le pris en pleine face.
« Headshot ! » Un silence de mort s'installa entre eux. C'était rare et pesant, mais les deux jeunes hommes réfléchissaient à la conversation qu'ils venaient d'avoir.
« Je m'en vais. » Ces mots résonnaient encore comme une torture dans l'esprit de Tanner. Ils avaient eut sur lui l'effet d'un électrochoc et c'est lorsqu'elle avait finalement disparue de la circulation qu'il avait réellement pris compte de la valeur de ses sentiments. Désormais, son absence pesait, tout comme celle de Tinsley dont l'énergie et le rire manquait sans aucun doute aux deux hommes. Elles étaient parties, sans vraiment dire au-revoir. Elles avaient quitté LA pour aller s'exiler au fin fond la
campagne, un retour aux origines.
« Ca fait bizarre sans elles, hein ...? » -
« Calme et vide je dirais. » -
« On va faire quoi maintenant ? » Ils laissèrent la question en suspension quelques instants.
« Toi tu vas prendre une douche et te changer. Moi je vais nous dégoter une petite soirée sympa où oublier notre scène mélodramatique. » imposa-t-il tout en lui adressant un clin d'oeil. C'est en se réveillant le lendemain matin que Tanner pris une décision : lui aussi décollerait bientôt pour Bluebell.